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Les mangroves : Un Rempart Vivant pour Saint-Louis

Les mangroves jouent un rôle fondamental dans la protection du littoral et la préservation de la biodiversité. Au cœur du Parc National de la Langue de Barbarie, des écogardes – des volontaires issus des villages voisins – œuvrent sans relâche pour sauvegarder ces écosystèmes précieux. Parmi eux, Arona Fall, engagé depuis 2010, incarne cet engagement local. Dès ses débuts, il a participé activement au reboisement en plantant des palétuviers, qui, aujourd’hui, ont atteint leur maturité et illustrent la réussite d’un travail de longue haleine.

Arona Fall, écogarde dans le Parc National de la Langue de Barbarie,

La préservation des mangroves à Saint-Louis revêt une importance cruciale. Ces forêts protègent la côte en atténuant l’érosion et en limitant les impacts de la montée des eaux, qui ont déjà entraîné l’immersion de certains villages et contraint des déplacements. Leur dégradation expose les populations à des risques accrus d’inondations et compromet les moyens de subsistance liés à la pêche et aux autres activités économiques locales. De plus, les mangroves constituent un formidable puits de carbone, jouant un rôle majeur dans la lutte contre le changement climatique.

Le processus de croissance des palétuviers est exigeant : il faut que les propagules – les petits fruits du palétuvier – se développent sur plusieurs années pour atteindre leur taille adulte. Ce projet de reboisement, nécessitant anticipation, expertise, patience et vision à long terme, a pour objectif de protéger la biodiversité locale et de préserver les fonctions écologiques essentielles de ces zones humides.

Au sein du Parc National de la Langue de Barbarie, deux types de palétuviers se distinguent : les Rhizophora, qui se développent dans des sols argileux-sableux et nécessitent une hydratation constante, et les Avicennia, mieux tolérants aux sols sableux-argileux situés aux abords des plans d’eau. Ces caractéristiques influencent les choix de sites de reboisement et les techniques utilisées.

Les mangroves offrent des bénéfices multiples. Elles protègent le littoral en atténuant l’impact des vagues et en limitant l’érosion, servent de zone de reproduction pour une grande diversité d’espèces marines (poissons, crustacés, mollusques) et constituent un refuge pour de nombreux oiseaux migrateurs et espèces terrestres menacées. Par ailleurs, elles représentent une source d’activités économiques locales, que ce soit par la pêche, l’ostréiculture ou l’apiculture, tout en participant à la régulation du climat par la séquestration du carbone.

Les écogardes, en plus de surveiller et de protéger ces espaces, jouent un rôle actif dans le recensement et la protection de la faune locale, notamment des oiseaux rares comme le balbuzard pêcheur, ainsi que des tortues marines, qui choisissent ces zones pour se reproduire. Leur engagement contribue à la mise en place d’un dispositif de suivi de la biodiversité, essentiel pour anticiper et atténuer les effets des pressions anthropiques (activités humaines) et naturelles.

La dynamique de préservation ne s’arrête pas aux seules actions sur le terrain. Les écogardes travaillent étroitement avec des coopératives de femmes formant un Groupement d’Intérêt Économique (GIE). Ces coopératives valorisent les ressources halieutiques et agricoles du parc en transformant des produits locaux – légumes, coquillages, et autres ressources naturelles – en produits à forte valeur ajoutée, comme des bocaux, des sirops et des jus de fruits. Elles organisent également la gestion des cantines scolaires et mènent des campagnes de sensibilisation auprès des enseignants et des élèves, renforçant ainsi l’éducation à la santé, à la nutrition et à la protection de l’environnement.

Fatou Kholl, présidente de l’une de ces coopératives, illustre parfaitement cette dynamique en coordonnant les actions de valorisation des produits issus des mangroves et en contribuant activement à la sensibilisation locale.

Fatou KHOLL
Coopératives des femmes

La préservation des mangroves à Saint-Louis est ainsi essentielle non seulement pour protéger un patrimoine naturel unique et vital, mais aussi pour assurer la sécurité et le développement économique des communautés locales. Par leurs actions concertées, écogardes, coopératives et acteurs institutionnels démontrent que les mangroves sont un véritable rempart vivant, capable de soutenir l’environnement, d’alimenter des économies locales durables et de contribuer significativement à la lutte contre le changement climatique.

Pour en savoir plus sur nos actions et le projet Mangrove du Partenariat – Centre Gaïa : https://www.lepartenariat.org/le-projet-mangrove/

De Amandine BOURDON, pôle ECSI du Partenariat Centre-Gaïa et Saliou DIOP, chargé de programme Mangrove au Sénégal.

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